
Nous sommes ici pour célébrer la vie et reconnaitre sa valeur, indépendamment des circonstances qui l’entourent. M. Roland Dorris, 103 ans de volonté de vivre ! Avoir encore la force de se lever le matin, défier le non-sens, trouver une raison pour être là, en participant d’une manière ou d’une autre à la mission. Cette mission à laquelle on s’est donné depuis toujours, EN SE LAISSANT CONDUIRE PAR L’ESPRIT, EN METTANT SA PROPRE VIE DANS LES MAINS DE DIEU POUR aller jusqu’au bout, par des chemins toujours nouveaux, mystérieux et inconnus, OÙ IL N’Y A PAS D’AUTRE CERTITUDE QUE CELLE DE SUIVRE LE CHRIST ET DE CONTINUER À L’ECOUTER.
Oui, pour accomplir 103 années, il faut commencer bien jeune à bâtir les dispositions pour durer si longtemps. Il faut bien vouloir vivre. Il faut avoir une raison pour se maintenir en vie. Découvrir une mission qui reste à accomplir. Une raison pour se réveiller chaque jour et pour continuer à se donner et être présent, même si le silence s’impose et nous laisse renfermés à l’intérieur de nous. Continuer à être là, peut-être comme un signe du mystère dans lequel la vie se développe, comprendre non seulement le temps des hommes mais aussi le temps de Dieu, le kairos, le moment de grâce.
Voici le fruit d’une prière persévérante où notre histoire et notre vie spirituelle ne s’arrêtent pas ni ne perdent leur but, mais elles deviennent une histoire de salut, de vie intérieure et de dialogue intime où les hommes assument le défi de vivre et de répondre aux défis de leur histoire au long des temps.
C’est précisément dans la prière qu’Esther prend la force pour aller à la rencontre du pire ennemi de son peuple et risquer ainsi sa position privilégiée et sa vie, sans aucune autre conviction que celle que donne la joie de suivre la voie de Dieu et de sa mission :
« En ces jours-là, la reine Esther, dans l’angoisse mortelle qui l’étreignait, chercha refuge auprès du Seigneur. Se prosternant à terre avec ses servantes du matin jusqu’au soir, elle disait : « Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, tu es béni. Viens à mon secours car je suis seule, et je n’ai pas d’autre défenseur que toi, Seigneur… rends-nous la joie après la détresse et le bien-être après la souffrance. »
Lors du vieillissement qui touche les congrégations religieuses, c’est bien la prière qui peut entraîner vers autre chose que leur dépérissement, estime le pape François, qui a mis en avant au contraire « le feu » pouvant toujours animer les plus âgés.
« Cela me plaît quand je trouve une religieuse ou un religieux ancien mais avec les yeux brillants, qui ont le feu de la vie spirituelle allumé, qui ne s’éteint pas »,
« Comme c’est beau quand nous rencontrons le visage heureux des personnes consacrées, peut-être déjà avancées dans les années, comme Siméon et Anne, contentes et pleines de gratitude pour leur propre vocation »
Pour lui, la stupéfaction que provoque la rencontre initiale avec le Christ n’a pas d’âge. Elle est « toujours à renouveler ».
« N’oubliez pas la première vocation, le premier appel (du Christ, NDLR.) » pour « puiser une énergie nouvelle à la racine de notre foi et de notre expérience chrétienne. » « C’est revenir au premier amour, pour recevoir le feu que Jésus a allumé dans le monde, et le porter à tous, jusqu’aux confins de la terre »,
« Nos fondateurs ont été mis en mouvement par ce feu généré grâce à la présence de l’Esprit en eux et ils n’ont pas eu peur de se salir les mains avec la vie quotidienne, avec les problèmes des gens, en parcourant avec courage les périphéries géographiques et existentielles »
Réjouissons-nous en cette 103ème année de vie de notre confrère M. Dorris. En ce jour, nous célébrons aussi la grâce d’avoir été appelés à la vie, à la prière et à l’eucharistie. La grâce de pouvoir répondre au rendez-vous, d’être là, non plus comme spectateur mais comme offrande avec le Christ.
Retrouvons notre liberté intérieure, pour pouvoir offrir la vie et demander à Dieu de maintenir en nous le feu de cet esprit que les premiers Sulpiciens ont transmis lorsqu’ils arrivèrent au Canada, en 1657. Il ne pouvait être question pour eux d’ouvrir des séminaires. Venus comme missionnaires dans une ville fondée par M. Olier, ils se préoccupèrent d’abord de l’évangélisation et du ministère paroissial. Bientôt seigneurs de l’île de Montréal, ils eurent à fonder des paroisses dans tout le district. Les difficultés ne les empêchèrent pas d’accomplir leurs devoirs de seigneur, de missionnaire, de pasteur et d’éducateur.
Cet esprit ne meurt pas avec nous : Il est à Montréal, Edmonton, Fukuoka, Campo Grande, Roma, Bogota, Zipaquira, Manizales, Pasto, Pereira et Cúcuta.
Voici comment l’Évangile résonne maintenant devant nous :
Jésus disait à ses disciples : « Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. En effet, quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; à qui frappe, on ouvrira.
La vie est une chance, saisis-la,
La vie est une beauté, admire-la,
La vie est une béatitude, savoure-la,
La vie est un rêve, réalise-le,
La vie est un défi, relève-le,
La vie est un devoir, accomplis-le,
La vie est un jeu, joue-le,
La vie est richesse, conserve-la,
La vie est amour, partage-le,
La vie est mystère, perce-le,
La vie est promesse, remplis-la,
La vie est tristesse, surmonte-la,
La vie est un hymne, chante-le,
La vie est un combat, accepte-le,
La vie est aventure, ose-la,
La vie est bonheur, mérite-le,
La vie est la vie, défends-la !
Mère Teresa
M. Jorge Pacheco, PSS
Supérieur provincial