Nous nous tournons vers toi, Seigneur, notre Dieu. Nous savons qu’après l’agonie de ton Fils Jésus Christ et sa mort sur la croix, Tu l’as ressuscité d’entre les morts. Accueille notre frère Maurice, prêtre, et fais-nous redécouvrir que le chemin du calvaire conduit tous ceux qui le gravissent jusqu’au soleil du matin de Pâques. Par Jésus Christ, ton Fils Ressuscité, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen
Monsieur Maurice Lavoie, PSS
Naissance : le 13 mai 1926 à Montréal, Canada
Ordination : le 31 mai 1953
Incardination : Diocèse de Montréal
Admission dans la Compagnie : 1955
Nous recommandons M. Maurice Lavoie à vos prières. Les Sulpiciens sont invités à célébrer l’Eucharistie à ses intentions.
Il a fallu la mort pour que Maurice, notre ami prêtre, ne souffre plus. Nous nous tournons vers toi Seigneur notre Dieu. Nous savons qu’après l’agonie de ton Fils
Jésus Christ et sa mort sur la croix, Tu l’as ressuscité d’entre les morts. Fais-nous redécouvrir, en suivant ses pas, que le chemin du calvaire conduit tous ceux et celles qui le gravissent jusqu’au soleil du matin de Pâques. Par Jésus le Christ, Prêtre souverain et éternel, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen
Homélie Mgr Émilius Goulet, PSS
Chers confrères prêtres,
Chers ami(e)s,
Notre regretté confrère Maurice Lavoie a été un grand éducateur de la jeunesse. Voilà pourquoi le témoignage des saints prêtres éducateurs dans l’Église, tels Jean-Baptiste de la Salle et Jean Bosco, a inspiré la liturgie de cette célébration de dernier hommage.
Quelques gestes personnels et rites sacramentels m’ont souvent conduit au chevet de notre confrère durant son agonie prolongée. Celle-ci a fait remonter à mon esprit le souvenir de son long ministère au sein de notre «Petite Compagnie». Au cours de sa formation presbytérale au Grand Séminaire de Montréal, Maurice a décelé sous le souffle de l’Esprit ses charismes pour servir les jeunes. Ainsi, dès ses premières années de sacerdoce ministériel, il se prépare à sa future mission en suivant des cours de pédagogie. Très tôt, il s’engage auprès des jeunes; il leur donne les meilleurs années de sa vie, successivement au Collège Jean-Jacques-Olier, au Collège André-Grasset et au Collège de Montréal. De plus, toutes ses vacances sont consacrées au service des jeunes au Camp Olier, dont il est devenu le directeur et où il a poursuivi son engagement jusqu’à l’an dernier. Par conséquent, on pourrait affirmer que notre confrère a servi la jeunesse 365 jours par année.
La première lecture de notre célébration nous rappelle, pour ainsi dire, les qualités fondamentales de l’éducateur chrétien : la joie, la sérénité et la paix
La joie est l’un des thèmes principaux des Saintes Écritures, partout dans l’Ancien et le Nouveau Testament. Le message de la Parole de Dieu est foncièrement optimiste, car le Seigneur veut le bonheur de tous ses enfants; il désire leur réussite et leur épanouissement. « La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant», écrit saint Irénée de Lyon.
Quand il écrit sa lettre aux Philippiens, saint Paul, encore prisonnier, a dû envisager une éventuelle condamnation à mort. Il sait maintenant qu’il va être libéré; mais dans l’épreuve, il a accédé à un état de sérénité qu’il veut faire partager à ses frères et sœurs. Puissent ceux-ci vivre dans la joie, pénétrés de la certitude que le Seigneur vient. Toute leur vie en sera transformée. Ils connaîtront la paix.
La joie est divine et éternelle. Dieu l’offre généreusement à ses enfants en même temps que son amour. Pour lui, c’est tout un.
La condition d’accueil de la joie divine passe par l’accomplissement des devoirs fondamentaux de fraternité et de justice, avant la ferveur des grands engagements. La vraie joie est concomitante à la fidélité aux petites comme aux grandes tâches, au souci des autres, au partage et à la recherche de la justice. Quel message pour notre monde d’aujourd’hui, si nous ne voulons pas que la joie déserte notre temps et nos vies personnelles!
De tempérament calme et paisible, notre confrère Maurice n’était pas un homme exubérant de joie; mais il a cultivé la sérénité face aux difficultés et aux épreuves dues parfois aux rumeurs ou aux soupçons. Ainsi a-t-il su créer de toute pièce une réponse chrétienne d’éducateur, en suivant le conseil de l’Apôtre; en effet, il a pris à son compte «tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et mérite des éloges», chez tous les jeunes qu’il a accompagnés et servis de grand cœur. En particulier, les tâches de responsable de discipline ou de service aux étudiants, qu’il a accomplies durant de nombreuses années, étaient importantes et complexes; elles requerraient de grandes qualités humaines : prudence et discernement, sens de la justice et respect des jeunes, profonde bienveillance, qui est source de compréhension, d’indulgence et d’affection rayonnante. Nous savons tous, pour avoir été jeunes nous-mêmes, que l’âge de la jeunesse ne paie pas toujours de gratitude immédiate.
Le Psaume responsorial que nous avons chanté, le psaume 33, est un psaume de louange . Un psaume de foi pour une éducation qui suppose une tâche écrasante et parfois ingrate; mais à travers un enfant qui s’ouvre et s’épanouit, la merveille de Dieu se manifeste. Le croyant peut donc la chanter avec joie.
A l’exemple de son Seigneur, notre confrère Maurice a accueilli les enfants : «Laissez les enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent.» Notre confrère a dû souvent méditer cette phrase.
Dans l’évangile de cette liturgie, peut-être pouvons-nous penser que des mères de famille elles-mêmes amènent leurs enfants à Jésus pour qu’il les bénisse. En tout cas, c’est un geste émouvant de confiance!
La force de la bénédiction du Seigneur, si souvent ressentie en faveur d’adultes sera donnée aussi aux enfants. Ceux-ci ont particulièrement besoin de la protection des adultes, des «grands» et surtout de celui qui est le plus grand de tous et qui est le seul abri, la seule protection véritable, Dieu notre Père. On demande à Jésus d’imposer les mains aux enfants et de prier pour eux, c’est-à-dire d’appeler sur eux la protection et la grâce de Dieu. « Mais les disciples les écartèrent vivement»; car ils ne saisissent pas le sens du geste; ils ne perçoivent pas la confiance profonde exprimée par ce geste; ils semblent déjà avoir oublié l’admirable portrait que le Seigneur peu avant avait fait de l’enfant, à savoir la position de modèle et de référence qu’il constitue à l’égard du royaume des Cieux : « Si vous ne changez pas pour devenir comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des Cieux ( Mt 18, 3).
L’attitude de Jésus est diamétralement opposée à celle des disciples; ceux-ci se prennent pour des «grands», décidant qui peut approcher Jésus et qui ne le peut pas. «Le royaume des Cieux est à ceux qui leur ressemblent». Comment faut-il comprendre cette affirmation? D’abord, dans le sens rigoureusement littéral, car les enfants ne sont nullement exclus de l’appel et de l’admirable promesse du Père. Ils ne sont pas obligés d’attendre au-dehors, de rester devant le seuil, même s’ils sont petits, même s’ils ne comprennent pas encore. Les Docteurs de la Loi n’ont que peu d’estime pour les enfants; ils ont à leur égard la même attitude de supériorité qu’à l’égard des femmes. Jésus a redonné sa vraie position à la femme. Il en a fait autant pour les enfants. Face au royaume de Dieu, il n’existe pas de répartition des êtres humains en enfants et adultes. L’enfant est parfaitement capable de comprendre l’essentiel dont il est question pour le royaume; l’enfant peut faire que la volonté de Dieu soit faite. Il a donc le droit d’approcher librement celui qui apporte d’en haut la révélation de cette volonté de Dieu et qui l’accomplira jusqu’au bout. Ne les empêchez pas de m’approcher… Peut-être même comprennent-ils mieux la volonté de Dieu que les adultes. Car Dieu a tenu caché aux sages et aux savants ce qu’il a révélé à ces tout-petits (cf Mt 11, 25).
Comme prêtre éducateur, notre confrère Maurice Lavoie a accueilli les enfants, leur a enseigné à vivre selon l’Évangile et à se nourrir des sacrements de l’Église, parce qu’il avait découvert toute la grandeur et toute la possibilité de la jeunesse. Dans l’humilité, il a ouvert le chemin pour que les petits deviennent le signe du royaume des Cieux. Son départ nous rappelle l’importance de l’éducation des jeunes dans la société d’aujourd’hui. Ses fondements surs ne sont-ils pas encore les valeurs de l’Évangile?
Au cours des dernières semaines, témoins des souffrances de notre confrère prêtre Maurice, nous avons supplié la Vierge Mère qu’elle l’emporte là-haut au jour même de sa glorieuse montée au ciel. Mais la mort ne prend pas de rendez-vous à l’avance! Car elle est entre les mains de Dieu, qui la reprend en temps voulu et en toute liberté.
«Il a fallu la mort pour que Maurice, notre ami prêtre, ne souffre plus. Nous nous tournons vers toi Seigneur notre Dieu. Nous savons qu’après l’agonie de ton Fils Jésus Christ et sa mort sur la croix, Tu l’as ressuscité d’entre les morts. Fais-nous redécouvrir, en suivant ses pas, que le chemin du calvaire conduit tous ceux et celles qui le gravissent jusqu’au soleil du matin de Pâques.»
L’Eucharistie qui nous réunit maintenant, c’est une rencontre avec le Christ Sauveur. Communier au corps et au sang du Christ, c’est participer réellement au dynamisme de sa vie nouvelle de Ressuscité, qui soulève l’être humain au-dessus de sa condition mortelle. Unis au Christ par la communion, nous participons à l’immense chaîne d’amour qu’il est venu créer entre tous les croyants, entre les croyants, mais aussi entre les vivants et les morts . Prions donc le Seigneur pour tous nos défunts, en lui demandant que dès maintenant, cet amour les fasse vivre éternellement. Amen !
+ Émilius Goulet, PSS
Archevêque émérite de Saint-Boniface