Nous nous tournons vers toi, Seigneur, notre Dieu. Nous savons qu’après l’agonie de ton Fils Jésus Christ et sa mort sur la croix, Tu l’as ressuscité d’entre les morts. Accueille notre frère Martin, prêtre, et fais-nous redécouvrir que le chemin du calvaire conduit tous ceux qui le gravissent jusqu’au soleil du matin de Pâques. Par Jésus Christ, ton Fils Ressuscité, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen
Le 30 avril 2022, à l’âge de 88 ans, a été rappelé à Dieu
Monsieur Martin Bélanger, PSS
Naissance : le 7 novembre 1933
Ordination : le 2 juillet 1961
Incardination : Diocèse de Saint-Boniface
Admission dans la Compagnie : 1964
Il a fallu la mort pour que Martin notre ami prêtre, ne souffre plus. Nous nous tournons vers toi, Seigneur notre Dieu. Nous savons qu’après l’agonie de ton Fils Jésus Christ et sa mort sur la croix, Tu l’as ressuscité d’entre les morts. Fais-nous redécouvrir, en suivant ses pas, que le chemin du calvaire conduit tous ceux et celles qui le gravissent jusqu’au soleil du matin de Pâques. Par Jésus le Christ, Prêtre souverain et éternel, qui vit et règne pour les siècles des siècles. Amen.
Merci à Dieu le Père, pour le cadeau de la vie.
Merci à toi, Dieu le Fils, pour le cadeau de la foi.
Merci à toi, Esprit Saint, pour le cadeau de l’amour.
Merci à toi, Marie Mère de Dieu et notre mère,
pour le cadeau de ton Fils, Jésus.
Merci à vous, Saints Patrons, Martin de Tours, Joseph,
responsable de la Sainte Famille, pour vos prières au fil des ans.
Merci à toi, mon Ange gardien, pour avoir été toujours près de moi.
Merci à vous, père et mère (Alain et Victoire), pour avoir été mes parents.
Merci à vous quatre, Pauline, René, Rose-Aimée, Denise pour avoir été ma famille.
Merci chers grands parents, nos voisins, pour avoir accompli votre devoir.
Merci à vous tous, parents et amis pour avoir partagé votre vie avec moi.
Merci à tous ceux que je devrais remercier. Notre Père à tous, vous connaît si bien.
Un jour, nous nous retrouvons dans la Maison du Père. Jésus, notre frère à tous, nous l’a promis.
«Celui qui vit et croit en moi, ne mourra jamais.»
Jn11,26
Martin Bélanger
30 avril 2022
Chers ami(e)s,
« Laudato si’, mi’ Signore », – « Loué sois-tu, mon Seigneur », chantait saint François d’Assise. Dans ce beau cantique, il nous rappelait que [ la terre ] notre maison commune est aussi comme une sœur, avec laquelle nous partageons l’existence, et comme une mère, belle, qui nous accueille à bras ouverts : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur notre mère la terre, qui nous soutient et nous gouverne, et produit divers fruits avec les fleurs colorées et l’herbe ». Tel est le début de la lettre encyclique du Pape François sur la sauvegarde de la maison commune.
Comme certains d’entre nous, notre confrère Martin Bélanger tenait ses origines d’une noble famille paysanne; malgré sa formation universitaire très poussée et son éloignement, il n’a jamais coupé avec les richesses de son terroir. Il aimait la nature. La preuve en est, la jolie résidence qu’il aménagea à Prévost, avec l’aide de son frère René sur les bords du petit Lac du même nom. Il trouvait là une détente bienfaisante pour sa vie et son ministère de prêtre.
Aujourd’hui, grâce à Dieu, nous découvrons toute l’importance de la terre, l’habitat de l’être humain avec toute sa biodiversité. La terre dans toute sa grandeur et sa complexité… Mais aussi la terre , qui nous a vus naître, la terre, que nous avons parcourue en tous sens, la terre, que nous avons cultivée, qui nous nourrit. La terre qui colle non seulement à nos pieds, mais aussi à notre esprit et notre cœur. Bien longtemps après avoir quitté notre lieu d’origine, nous y tenons encore
par toutes les fibres de notre être. La terre dans laquelle nous étions enracinés, il n’est jamais facile de la quitter. Pourtant, comme jadis Abraham, notre confrère Matin Bélanger a obéi à l’appel de Dieu…« et il partit sans savoir où il allait» …Et une terre qui ne lui était pas familière, recevra tout à l’heure les restes de son corps.
Tiré à 12 ans de son milieu familial, Martin entre au Séminaire de Saint-Hyacinthe; noyé au beau milieu de centaines de garçons inconnus, il souffre d’isolement. Par bonheur l’année suivante, il est admis à l’École Apostolique de Lévis, où il suit les cours au Collège. Comme la maladie lui fait interrompre ses études durant quelques années, il terminera son cours classique au Séminaire de Saint-Victor de Beauce. C’est là qu’il trouve le chemin qui le conduit au Grand Séminaire de Saint-Boniface, au Manitoba, alors dirigé par les Prêtres de Saint-Sulpice; il y découvre sa vocation de formateurs. Ses aptitudes intellectuelles le conduisent à
Montréal et Washington, D.C., où il obtient ses degrés en théologie et philosophie. Malgré le regret de ne pouvoir servir à cause de circonstances particulières comme formateur de prêtres dans un Grand Séminaire, il excelle durant près de 20 ans comme professeur de philosophie et de sciences religieuses au Collège André-Grasset. A la suite, il manifeste une disponibilité totale en acceptant de devenir curé à la Paroisse Saints-Martyrs Canadiens à Cornwall (ON) durant trois ans et ensuite Recteur du Collège Pontifical Canadien à Rome durant près de 7 ans. Son retour au pays ne fut pas facile; car après une adaptation coûteuse à une nouvelle culture, il était devenu attaché à sa fonction de Recteur. En revanche, il sut s’adapter et rendre d’autres services pastoraux, soit aux communautés religieuses, soit à ses confrères sulpiciens.
Dans ce cheminement qui l’a conduit d’un endroit à l’autre, Martin a vécu une expérience difficile, mais aussi extraordinaire: partir et poursuivre la route sans trop savoir ce qui nous attend plus loin. Partir et continuer d’avancer, même quand nous ne sommes pas sûrs du chemin. Partir en faisant confiance aux autres, à ceux qui nous accueillent et surtout à la divine Providence.
Nous sommes terriblement attachés à notre terre. L’Écriture nous en donne la raison; en effet, elle explique que c’est de la terre que nous avons été tirés par le geste créateur de Dieu, au début du monde, quand il nous a pétris de ses mains. C’est toujours vrai : nous sommes des êtres pétris de terre; mais nous sommes aussi des êtres façonnés par la culture, par les habitudes, par les traditions de notre terroir d’origine,
qu’il soit proche ou lointain. Mais nous sommes de passage sur cette terre; en effet nous sommes des étrangers et des voyageurs vers une patrie meilleure. Nous sommes des citoyens des cieux.
La rencontre de Dieu nous est toujours présentée dans l’Écriture, comme l’aboutissement d’un chemin. C’est le chemin qu’emprunte Abraham en quittant sa Chaldée natale, pour aller vers ce lieu où Dieu se révèle à lui et conclut avec lui une Alliance définitive. Le patriarche amorce ainsi la grande aventure du peuple élu.
Plus tard, c’est tout le peuple d’Israël qui connaîtra le long cheminement au désert et la rencontre avec Dieu sur la montagne du Sinaï. La Parole de Dieu rapporte comment, dans cette marche, le peuple se constitue, quittant le pays de l’esclavage pour aller vers la Terre Promise. Chacune des étapes est en quelque sorte un pas de plus dans la découverte du Dieu qui le guide, qui l’instruit et le façonne.
Martin a aussi été façonné par le cheminement qui l’a conduit de sa terre natale à bien d’autres endroits éloignés en dehors de son pays. Même sa relation avec Dieu a dû résister au changement et à l’épreuve. Pour alimenter sa foi, il avait dans sa ligne de mire l’image de personnages bibliques de choix. Ainsi Job, réduit à l’extrême détresse, ne comprend pas le malheur qui lui arrive, car il se sait innocent. Il en arrive à douter de la justice de Dieu. Mais voici que, soudain, il entrevoit une réalité jusque-là insoupçonnée : un au-delà de la mort. C’est la première intuition, encore fragile, d’une résurrection possible. Il faudra encore
bien du temps pour qu’elle s’affirme en plénitude dans le peuple de Dieu, peu porté à se bercer d’illusions faciles, après avoir connu tant d’épreuves.
Martin, homme précis, clair et direct a préparé sa mort. En effet, les notes récentes qu’il a laissées le démontrent bien; mais plus encore convaincante est sa demande ferme de recevoir les derniers sacrements, le 5 avril dernier. Il savait qu’il arrivait au but final . « Un jour nous nous retrouverons dans la maison de notre Père», a-t-il écrit; « Jésus, notre frère à tous, nous l’a promis».
Martin avait compris l’appel de Jésus dans l’Évangile, qui, nous propose de cheminer à sa suite. Il nous invite à marcher derrière lui : « Moi, je suis le Chemin, la Vérité et la Vie; personne ne va vers le Père sans passer par moi». Cette marche à la suite de Jésus, les disciples l’ont pratiquée. Ils en ont connu les joies et les difficultés. Ils ont vécu les heures glorieuses de la multiplication des pains ou de la Transfiguration, mais aussi les moments angoissants de la Passion. Au fur et à mesure des événements quotidiens, ils ont appris à découvrir ce Jésus qui à son habitude marchait devant eux. Ils ont ainsi pu progresser jusqu’au moment où ils furent capables de reconnaître en Jésus, l’envoyé du Père, le Messie, le Fils de Dieu. Ce long cheminement nous est donné en modèle et surtout nous invite à nous y engager.
De cheminement en cheminement, nous progressons, nous aussi. Depuis nos premières années, depuis notre première éducation chrétienne, les expériences se sont accumulées. Au travers de chaque étape de la vie, nous avons appris à connaitre le Dieu Trinitaire : Père, Fils et Esprit Saint. Ce Dieu qui était d’abord celui des autres, celui de nos parents, celui de la tradition familiale, voilà qu’il devient peu à peu notre Dieu. Les enseignements que nous avons reçus de nos parents et les préceptes du catéchisme, voilà qu’ils deviennent pour nous une règle de vie que nous avons forgée nous-même et que nous suivons tout naturellement.
Le Dieu que l’on nous a enseigné, le Dieu des autres en devenant progressivement le nôtre, prend un autre visage. La fréquentation de Parole de Dieu et les réflexions sur les évènements de la vie nous amènent à découvrir un autre Dieu, un Dieu Père et ami, un Dieu proche de tous ses enfants, qu’ils soient hommes ou femmes, un Dieu qui se révèle comme le Père de tous. Parce que nous découvrons qu’il est Père de tous, nous nous sentons, en même temps, frères et sœurs de tous ses autres enfants de Dieu. Notre vie s’en trouve marquée; elle devient vie de famille!
Nous cheminons ainsi jusqu’au jour où nous devons partir vraiment, pour notre dernier voyage. La vie est donc un chemin du temps à l’éternité. La mort devient un départ vers la maison du Père, la destination ultime qui donne sens au voyage de la terre. Par conséquent, ce dernier voyage est un passage qui nous conduit vers le Père des lumières, vers le Dieu de toute tendresse. C’est ce passage dernier que nous célébrons aujourd’hui pour Martin. Mais en le célébrant, nous continuons, nous aussi à effectuer ce passage. La croix déposée près de la dépouille de Martin est le signe qu’il avait pris sa croix pour poursuivre sa route de prêtre formateur de la jeunesse. Certes, dans son cheminement, il a souffert, il a été éprouvé et contrarié pour le bien de ouailles. Cette croix, nous devons nous aussi la prendre pour suivre Jésus et tous ceux qui se sont mis à sa suite. Comme les disciples de Jésus, nous découvrons lentement le visage de ce Dieu devenu semblable à nous pour que nous devenions semblables à lui.
Nous n’avons pas ici-bas de demeure définitive. Comme nos ancêtres dans la foi, nous sommes à «la recherche d’une patrie». Nous sommes en quête de la véritable maison que Dieu nous prépare : «Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, aurais-je dit : Je pars vous préparer une place» . Nous savons qu’à notre arrivée dans cette demeure finale, nous connaîtrons Dieu, comme il nous connaîtra. Notre cheminement sera définitivement achevé et nous le verrons face à face. Dans l’Eucharistie, qui est notre viatique, c’est-à-dire notre nourriture et notre boisson, indispensables sur notre route ici-bas, nous
prions pour que les étapes de notre existence deviennent autant d’étapes de notre connaissance et de notre amour du Père, jusqu’au jour où il nous sera donné, comme aujourd’hui à Martin, de vivre pour toujours avec lui. Amen!
+Émilius Goulet, PSS
Archevêque émérite de Saint-Boniface
Les Prêtres de Saint-Sulpice s’associent à son frère René, ses sœurs Pauline et Denise (religieuse s.c.q.), à ses neveux et nièces, à sa parenté et à ses amis, afin de partager la foi qui nous unit au mystère de la mort et de la résurrection du Christ, toujours renouvelé dans la célébration de l’Eucharistie.